Olivier Besancenot prône un nouveau mai 68 adapté à la crise (Reuters)
PARIS (Reuters) - Olivier Besancenot prône un nouveau mai 68 adapté à la situation née de la crise économique et appelle les syndicats français à lancer "au minimum" une nouvelle journée de grèves et manifestations.
Le dirigeant du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) estime que le monde syndical et la gauche doivent "taper tous au même moment sur le même clou" face à Nicolas Sarkozy, qui "défend les intérêts de 6 ou 7% de la population."
Il faudra une mobilisation exceptionnelle, de l'envergure de celle qu'on avait en 1995 pour stopper la réforme Juppé, de ce qu'on a fait contre le CPE, des grèves, des manifestations massives", dit-il dans une interview à Reuters.
"On pense qu'il faut une grève générale, un nouveau mai 68 adapté à la période dans laquelle on est", ajoute le militant, qui apparaît parmi les premières personnalités de la gauche française dans les sondages de popularité.
Les responsables syndicaux français devaient se retrouver lundi en fin de journée pour décider de la suite à donner au mouvement de jeudi dernier, qui a rassemblé selon les sources entre un et 2,5 millions de manifestants.
Les syndicats exigent un second plan de relance axé sur la consommation et des mesures pour l'emploi, des exigences rejetées pour l'instant par le gouvernement.
Pour Olivier Besancenot, dont la formation est créditée par un récent sondage Ifop de 14,5% des voix aux élections européennes de juin 2009 si elle s'allie à d'autres partis de l'"autre gauche", il serait incompréhensible qu'il n'y ait "rien derrière" la mobilisation de jeudi dernier.
Il rappelle qu'au moment du conflit contre le Contrat première embauche (CPE) en 2006, des millions de manifestants étaient descendus dans la rue "à trois reprises en deux semaines successives" et que le terrain social s'y prête.
"Aujourd'hui, il n'y a pas seulement de l'exaspération, il y a des conflits, il y a des résistances et il faut que la gauche sociale et politique aide ces luttes à trouver le chemin des convergences", dit-il.
Étouffer le mouvement social ?
Olivier Besancenot, qui lancera à la fin de la semaine avec d'autres dirigeants le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) estime qu'en rejetant par avance les demandes de la rue, le chef de l'Etat et le Premier ministre François Fillon "font de la provocation."
"Tous deux cherchent à satisfaire la volonté d'une poignée d'actionnaires qui continuent à faire la loi et c'est à eux que vont des dizaines de milliards d'euros et certainement pas aux salaires", affirme-t-il.
Le facteur et militant de Sud-PTT considère que le pouvoir exécutif se livre parallèlement à "une répression extrêmement forte" avec mises à pied et assignations devant les tribunaux, à l'image du mouvement de grève auquel il participe à la Poste.
Il insiste sur la récente éviction du préfet de la Manche et d'un commissaire de police après une visite mouvementée de Nicolas Sarkozy parce que, selon lui, ils n'ont pas su "porter loin du regard" du chef de l'Etat les contestataires.
"C'est vraiment une stratégie de la tension sociale", assure-t-il.
Pour Olivier Besancenot, Nicolas Sarkozy est "bien le seul à penser qu'il fait du social" en dépit des accents populaires qu'il voudrait donner à son parti, l'UMP.
"Il défend les intérêts de 6 ou 7% de la population et a pourtant été élu avec 53% des voix. Au-delà du verbiage, les mesures concrètes qui sont prises ne font que favoriser ceux qui détiennent le capital", dit-il.
"C'est quelqu'un qui défend les intérêts de sa classe, la classe d'en haut, la classe des riches."
Pour l'ancien candidat à l'élection présidentielle (4,08% des voix en 2007) l'hyperprésidentialisation du régime s'explique "d'abord et avant tout par la crise et par la crainte du pouvoir politique et économique de conflits sociaux importants."
Selon lui, la réaction de Nicolas Sarkozy est "un grand classique" de la politique menée par la droite depuis 30 ans.
"C'est un pouvoir politique déstabilisé par la crise qui cherche à étouffer le mouvement social et agite le chiffon rouge de la manipulation de l'extrême gauche", dit-il par allusion au conflit de la SNCF à Saint-Lazare.
Par Gérard Bon. Edité par Yves Clarisse